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La Voie du Corps

Photo du rédacteur: Sandra GrangeSandra Grange


Il arrive parfois que je déserte ce corps,

que je m’absente, quelques instants, quelques heures, quelques jours, quelques semaines.


Je te quitte mon corps, et hors de toi, je suis inexorablement aspirée dans ce monde mécanique de la pensée,

ce désert stérile et aride des doutes, peurs, ruminations et autres fantasmes illusoires :

ceux qui nous vident de notre substance et nous plongent dans un désespoir qui tourne en rond.


Hors de toi, sans ancre, je glisse à mon insu dans cet engourdissement des cellules,

cette anesthésie des sens et de la conscience,

flottant entre 2 mondes, étrangère à moi-même et au monde.


Je peux si facilement oublier, et je le désireparfois,que je suis faite de chair, d’os, de sang, de sensations, de vibrations sensuelles.

Ces tendons, ces ligaments qui me chevillent à mon âme,

sont autant de liens au Vivant, au Réel,

à cette vie que je peux par mon corps palper, flairer, humer, inhaler,déguster, respirer…


Puis, un jour, au détour d’une posture, je suis enfin rappelée à toi, en toi :

Par le tremblement de mes muscles, la raideur de mes articulations, le frissonnement secret de ma peau, le vacillement fragile de mon souffle,

Quelque chose s’éveille soudain : alors que j’explore, à tâtons,la galaxie de monépaule ankylosée,

alors que j’ose enfin plonger dans la masse obscure et tenduede mes entrailles,le voile de ce demi-sommeil se déchire.


En un instant, l’ouverture de cette hanche fermée et douloureuse me propulse dans un univers de sensations multicolores et vibrantes.

En un instant,l’interstice entre mon expire et mon inspire se dilateet la lumière s’y immisce aussitôt.

En un instant, ce tremblement dans mes jambes secoue ma conscience et la ramène à la vie.

En un instant,Toi,mon corps, tume rendsà moi-même, ici, maintenant, sans que rien ne soit requis.


Chaque perception, sensation, frémissement, me rapproche un peu plus de l’ineffable Présence,

Je savoure l’époustouflante expérience d’être en vie

Et la gratitude de l’être par Toi, corps précieux,compagnon intime, tel que tues, ici et maintenant.





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1 opmerking


Camille Navarre
Camille Navarre
14 dec 2021

Merci pour ce magnifique texte si juste :-)) Ce rappel que l'on passe si souvent beaucoup de temps hors de nous-même à la quête d'une reconnaissance extérieure peut être ? En tout cas tout et pourtant là, juste là en nous. Douce attention à toi belle Sandra

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